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La santé pour tous !

Le dépistage du cancer de la thyroïde est devenu dangereux.

Les techniques d’imagerie actuelles sont trop puissantes.

Elles conduisent, de façon artificielle, à « un tsunami de cancers de la thyroïde », ainsi que le formule un chercheur interrogé par le New York Times.

Le nombre de cancers de la thyroïde a triplé aux Etats-Unis depuis quarante ans. Il a été multiplié par 2,4 en Suisse depuis 1975. En France, il progresse de 2 à 6 % par an, selon Martin Schlumberger, chef de service de médecine nucléaire de l’Institut de cancérologie Gustave Roussy à Villejuif.

Ce ne sont pas des personnes qui vont mourir du cancer de la thyroïde. Les chiffres de décès ne bougent pas : ils restent stables et faibles.

Ce sont des personnes qui se sont fait diagnostiquer un cancer. Elles se croient cancéreuses. Elles sont inquiètes, elles pensent qu’elles vont mourir, elles se font opérer, elles subissent toutes sortes de séquelles.

Il vaudrait bien mieux ne rien faire !

Quand la tumeur est détectée, la tentation est grande d’intervenir. Car le patient est inquiet. Et le médecin craint que son patient ne se retourne contre lui s’il ne fait rien et que la tumeur prolifère anormalement.

Et en effet, dans la très grande majorité des cas, il vaut bien mieux ne rien faire.

Lorsqu’on pratique des autopsies, on s’aperçoit qu’au moins un tiers des gens ont de petits cancers de la thyroïde qui n’ont pas été détectés de leur vivant [6]. Pour d’autres la tumeur peut même régresser naturellement !

Une nouvelle étude le confirme

Une nouvelle étude indique que le nombre de cancers de la thyroïde a été multiplié par 15 en Corée du Sud depuis que le dépistage généralisé a été introduit, en 1993.

Le problème vient du dépistage qui a été généralisé en Corée. Cela a conduit à trouver chez un grand nombre de gens des petites tumeurs inoffensives. Il aurait mieux valu ne jamais les trouver, et les laisser tranquilles. Mais une fois détectées, ni le médecin ni le patient ne veulent prendre le risque de les laisser. On les opère agressivement.

Le résultat est qu’un très grand nombre de personnes souffrent des complications causées par des traitements inutiles.

Le traitement du cancer de la thyroïde est très coûteux, et il implique de retirer la thyroïde, qui est une glande vitale pour la régulation des hormones.

Les patients doivent prendre des hormones thyroïdiennes pour le restant de leur vie. Pour beaucoup, le traitement est efficace, mais l’équilibre hormonal est si fragile qu’un sentiment de mieux-être ne s’installera pas avant des années de modifications dans les dosages du traitement, jusqu’à trouver le bon. En attendant, les variations de poids, la dépression, la fatigue, la chute des cheveux ou l’ostéoporose se manifesteront.

Il arrive aussi que le chirurgien abîme les cordes vocales au passage. Cela s’est produit chez 2 % des Coréens qui ont été opérés, débouchant sur une paralysie des cordes vocales. Ils endommagent aussi parfois les glandes parathyroïdes qui sont juste à côté et qui contrôlent le niveau de calcium dans l’organisme.

Lorsque les glandes parathyroïdes sont abîmées, ce qui est arrivé chez 11 % des patients traités en Corée du Sud, le patient souffre d’hypoparathyroïdisme, une maladie difficile à traiter.

Interdire le dépistage du cancer de la thyroïde

Des médecins coréens appellent donc aujourd’hui à interdire le dépistage du cancer de la thyroïde, à la suite du Dr Hyeong Sik Ahn du Collège de Médecine de l’Université de Séoul, qui est le principal auteur de cette nouvelle étude.

Mais leur appel a été ignoré jusqu’à présent par les autorités.

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