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Les adolescents, qui ont besoin de davantage de sommeil, s’endorment plus tard, du fait de facteurs biologiques et sociaux.

 Et si commencer le lycée à 8h… c’était trop tôt? Une étude américaine, publiée dans la revue Sleep Health, le 7 octobre semble montrer que l’école ne devrait pas commencer avant 8h30 pour les adolescents.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont évalué, par questionnaire, l’état psychologique de 197 adolescents américains. Ils ont ensuite interrogé leurs parents sur le sommeil de leur enfant. «Nos résultats suggèrent que pour améliorer la qualité du sommeil des adolescents, il faudrait qu’ils fassent attention à leur hygiène de vie. Mais il faudrait également revoir les horaires de début des cours», notent les auteurs de l’étude.

Cette conclusion rejoint celle de la Société américaine de pédiatrie, qui en 2014, recommandait «de ne pas débuter les cours avant 8h30». Selon cette dernière, l’endormissement tardif des adolescents, du fait de facteurs biologiques et sociaux, devrait inciter à décaler l’horaire de début des cours.

Un retard biologique : «Au moment de la puberté, la plupart des adolescents commencent à éprouver un «retard de phase» (sommeil et réveil plus tardif). Cela se manifeste par un décalage par rapport aux cycles de sommeil de l’enfant de 2 heures environ», note Judith Owens, directrice du Centre pour les troubles du sommeil pédiatrique et professeur en neurologie à Harvard, auteur principal des recommandations de la Société américaine de pédiatrie.

«Le «retard de phase» se manifeste par un décalage par rapport aux cycles de sommeil de l’enfant de 2 heures environ.»

Judith Owens, directrice du Centre pour les troubles du sommeil pédiatrique.

Les adolescents sont en effet capables de rester éveillés plus longtemps sans ressentir de fatigue. Chaque individu, enfant ou adulte, a un minuteur dans son organisme: à partir du réveil, ce dernier se met en route et accumule de la dette sommeil. Si deux heures après le réveil, la dette de sommeil est faible, au bout de 17h sans dormir, elle devient lourde. À partir d’un certain seuil, la pression devient telle que le besoin de dormir deviendra impératif. Sauf que chez les adolescents, surtout ceux déjà pubères, résistent beaucoup mieux à cette pression, et s’endorment donc plus tardivement.

De plus, le cycle de production de mélatonine change temporairement lors de l’adolescence. Cette hormone est produite la nuit par l’organisme pour faciliter l’endormissement mais «sa sécrétion est bloquée par la lumière. Or à l’adolescence, les jeunes sont, pour une raison inconnue, plus sensibles à cette lumière. La production de mélatonine est donc plus facilement bloquée, ce qui favorise le décalage horaire» explique le Dr Sylvie Royant Parola, psychiatre et experte du sommeil. «C’est pourquoi l’utilisation d’appareils électroniques avant le coucher n’aide pas à l’endormissement des jeunes.»

Rattraper le week-end : Ces mécanismes biologiques entraînent un retard de sommeil chez les adolescents. Selon un Baromètre publié en 2010 par l’agence Santé publique France: «près de 30 % des 15-19 ans sont en dette de sommeil et à 15 ans, 25 % des adolescents dorment moins de sept heures par nuit. Or, ils devraient en moyenne dormir neuf heures trente pour être en forme.»

« Près de 30 % des 15-19 ans sont en dette de sommeil et à 15 ans, 25 % des adolescents dorment moins de sept heures par nuit.»

Face à ce décalage entre ce qu’ils dorment et ce qu’ils devraient dormir, nombre d’adolescents doivent rattraper leur manque de sommeil durant le week-end, en se levant à des heures bien plus tardives qu’en semaine. Or l’Inserm pointait déjà en 2001, que «l’adoption pendant le week-end d’horaires décalés ne peut qu’aggraver les difficultés d’endormissement et la tendance naturelle à la somnolence durant la journée des adolescents le reste de la semaine.» 

Aujourd’hui en France, la plupart des élèves débutent l’école à 8h30. Mais certains, à partir du lycée, commencent dès 8h.

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