À toi (future) mère : Personne ne te prépare vraiment à ce que c'est que de ne plus avoir ton bébé en toi. Tout d'un coup, tu as l'air et tu te sens différent. Comment ton corps est-il devenu un étranger ? Ton ventre est lâche et rayé. Tes seins sont affaissés, l'un plus que l'autre. Cheveux non lavés, poches sous les yeux. Même tes hanches sont plus larges qu'avant.
Qui est cette femme qui te regarde dans le miroir ?
C'est une mère : Elle a sacrifié son corps et son esprit pour un autre être. Elle a fait grandir la vie, elle l'a mise au monde et maintenant elle continue à la soutenir. Ce corps, ce corps inconnu, est incroyable !
Les choses qu'il a faites, la douleur qu'il a endurée l'ont rendu plus fort. Elle ne devrait pas avoir honte de son corps car son corps est incroyable. Tu es incroyable. Tu es fort. Tu es magnifique. Tu es merveilleux. Tu es une mère…
Par la maternité, la femme se relève et s'élève. Elle n'est plus irresponsable et désoeuvrée. Elle tient dans ses mains – elle le sait – l'œuvre de l'avenir, et elle en répond. La trame qu'elle ourdit est celle de l'humanité. La fonction qu'elle accomplit est la plus haute, la plus noble, la plus difficile de toutes les fonctions.
En est-, en effet, de plus difficile, de plus noble et de plus haute que celle de neuf conception un enfant, de le porter mois dans ses entrailles, de lui donner la vie risque de perdre la sienne, de l' allaiter pendant plus d'une année, de l'élévation, de l'instrument, de discerner ses qualités, de reconnaître ses défauts, de son ancien caractère, son coeur et son esprit ?
Emile de Girardin, Pensées et maximes (1867)