Ils ont perdu un proche, puis ont vécu des phénomènes étranges. Hasard, illusion ou véritable contact ? L’enquête montre que ces expériences touchent bien plus de gens qu’on ne le croit.
Des signes troublants après la mort
Victor, 38 ans, médecin, meurt d’un arrêt cardiaque. Peu après, sa famille et ses amis vivent plusieurs manifestations mystérieuses.
Sa mère entend sa voix : « Laisse-moi partir, sinon je resterai un légume. » Le lendemain : « Ne t’inquiète pas, maman, je suis avec mon oncle. »
Son frère Julien, rationnel et médecin lui aussi, rêve de Victor : « La vie n’est pas que terrestre », lui dit-il, dans un rêve si réel qu’il en ressent encore l’étreinte.
Lors d’un voyage au Japon, pays qu’ils aimaient tous deux, Julien et ses proches ressentent d’autres phénomènes : décharges électriques, sensations de main sur l’épaule, rêves partagés. Intrigué mais sceptique, Julien confie : «
Je n’ai pas de réponses, mais des doutes. Le chagrin est toujours là, mais moins lourd. »
La mémoire du corps
Selon le psychiatre Alain Sauteraud, spécialiste du deuil, ces expériences n’ont rien d’ésotérique :
« Ce n’est pas une question de croyance. La mort est une déchirure du lien, et cet attachement laisse une empreinte dans le psychisme. »
Le corps garde les traces sensorielles de l’autre :
- le son de sa voix,
- son odeur,
- sa silhouette,
- la chaleur de son corps,
- la perception de son amour.
Ces souvenirs peuvent ressurgir sous forme de sensations ou de visions, surtout dans les six à huit premiers mois du deuil. Ces impressions, très courantes, traduisent la force du lien affectif plutôt qu’une anomalie psychique.
Quand la science ne suffit pas
Pour certains, comme le reporter Stéphane Allix, auteur de La mort n’existe pas, ces explications ne suffisent pas. Après la mort de son frère en Afghanistan, il affirme avoir vécu de véritables manifestations et croit désormais à une vie après la mort.
Même conviction pour Marie-Claire, 50 ans, veuve et mère de deux adolescents. Elle raconte avoir senti son mari venir se coucher à ses côtés, respirer, puis se lever au matin :
« Je sais qu’il est quelque part. Cela a redonné du sens à ma vie. »
Autre témoignage : Gabrielle, qui après avoir demandé un signe à sa grand-mère décédée, voit un petit bol tomber à ses pieds.
« C’était bien elle : un objet sans valeur, juste un clin d’œil. Merci mémé ! »
Le rôle apaisant des apparitions
Pour Marie-Frédérique Bacqué, professeure de psychopathologie à Strasbourg, ces phénomènes ont un effet bénéfique.
Ils traduisent le besoin inconscient de revoir la personne disparue :
« Le désir provoque une illusion mnésique, mais réelle pour l’endeuillé. Cela apaise la douleur, ne serait-ce que quelques instants. »
Le psychiatre Alain Sauteraud partage cet avis :« Ces “fantômes” aident ceux qui souffrent. Si cela soulage, tant mieux. Nous ne savons pas tout, et c’est peut-être très bien ainsi. »